[Documentaire] Jesus Camp de Rachel Grady et Heidi Ewing

Installez-vous confortablement dans votre canapé, et surtout, accrochez-vous. Munissez-vous d'un collyre ou à défaut d'une bouteille d'eau afin de vous asperger les yeux, qui resteront écarquillés durant une heure et demi. Dans ce documentaire vous découvrirez Becky Fischer, pasteur évangéliste dont la principale motivation est de prêcher aux enfants, d'élever une génération de guerriers politiques.

Selon elle, l'Amérique qui est one nation under God doit renouer avec ses racines chrétiennes jusqu'à redonner une véritable place aux évangélistes au sein même du gouvernement des États-Unis. Car à ses yeux, la séparation de l'église et de l'état fut un désastre pour la politique ainsi que le mode de vie américains. Afin d'avoir une réelle emprise sur le destin politique de son pays, Becky Fischer s'est donné pour mission d'élever une génération de jeunes évangélistes prêts à faire plus tard le même travail de conviction.

Bande-annonce 



Durant trois semaines, Becky Fischer organisait donc au Devils Lake (Dakota du Nord) un camp d'endoctrinement, le Kids on fire, durant lequel ces jeunes adolescents étaient invités à suivre d'innombrables prêches liés à la foi mais également à la politique pro-life (anti-avortement). Accueillis en musique, puis culpabilisés, brisés psychologiquement, ces enfants étaient alors invités à se laver de leurs pêchés et à naître à nouveau, à être "sauvés". La caméra des deux documentaristes a saisi ces moments incroyables, durant lesquels les enfants mains au ciel pleurent à chaudes larmes, tremblent, crient, appellent Dieu dans un état de transe inimaginable. 

"Organisait" car en Novembre 2006 et après avoir reçu de nombreuses menaces suscitées par ce documentaire, Becky Fischer a décidé de suspendre la tenue du camp, le remplaçant par d'autres événements et activités.

Jesus Camp a deux atouts majeurs. Premièrement, il n'occulte pas les convictions profondes exposées par les évangélistes, qu'il s'agisse de Becky Fischer ou de parents qui témoignent de leur amour d'une Amérique tournée vers Dieu. Le film leur laisse une large place et ainsi ne fait pas dans le manichéisme primaire, malgré tout le choquant de ce qu'il montre. Et deuxièmement, il inflige une grande claque car nous réalisons qu'il ne s'agit pas d'un épiphénomène, mais bien d'une composante de l'identité américaine d'aujourd'hui avec ses conséquences politiques. Chose que nous ignorons tous pour la plupart.

Un film coup de poing, vraiment, que vous pouvez visionner intégralement en suivant ce lien


Stray From The Path utilise des images de Jesus Camp dans le clip de Damien.


"What gives you the right to think that you can come and save me?
Picture perfect world, I picture violence in disguise.
I'll save my breath for something real as you look towards the sky,
pray forgiveness this ends tonight."

[Cadeau de noël] The Fall Of Troy

 Ho! Ho! Ho! Entendez-vous les clochettes tintinnabuler ? Vous demandez-vous également d'où sort ce mot incompréhensible ? Vous avez bien fait de passer, voici votre cadeau de noël : un groupe à découvrir. Vous le connaissez peut-être si vous avez joué à Guitar Hero.

Sans plus de détails, voici cinq extraits issus de leur discographie. Puis, du live, si vous préférez ça, si vous êtes curieux de voir l'ambiance des shows, avec un ou deux sets entiers suite à leur réunion récente. Le groupe qui avait arrêté de jouer depuis fin 2010 s'est reformé depuis quelques mois. Ils ont annoncé il y a peu qu'un nouvel album était en préparation, et ont déjà testé quelques morceaux durant leurs dates les plus récentes.


Laces Out, Dan! (Doppelgänger, 2003)
Le "Dan" en question est Dan Marino, personnage célèbre
dans le film Ace Ventura : Détective Animalier.
Je pense que c'est une bonne entrée en matière,
joyeux noël à vos oreilles ainsi qu'à vos voisins !

 


 
Chapter IV - Enter the black demon (Phantom On The Horizon, 2008 ) 
Version plus aboutie de l'ep Ghostship Demos sorti en 2004.




Sledgehammer (Manipulator, 2007)


Live : l'album Doppelgänger 
en entier à l'occasion de leur reformation (2014)



Live : au Club Fat Cats 
à la sortie de Doppelgänger (2005) 
Enorme claque et énergie d'entrée.



[Documentaire] Le cauchemar de Philippe Layat par Eric Boutarin

Un documentaire retraçant le calvaire du paysan exproprié Philippe Layat devrait sortir très prochainement, réalisé pour la Télévision Paysanne par Eric Boutarin. 

Voici la bande-annonce.


[L'important.fr] : Laurence Haïm s'insurge contre l'infotainment

Laurence Haïm est sans nul doute la correspondante française aux Etats-Unis la plus plus connue des médias. Présidente de l'association de la presse étrangère à la Maison Blanche, elle couvre largement l'actualité américaine tout en menant régulièrement les interviews de puissants ou de personnalités médiatiques de premier ordre. Celle qui vient d'être élue Femme des médias 2014 publie aujourd'hui une tribune en forme de coup de gueule révélateur des comportements douteux dans le monde de l'info-spectacle.



«Quand il y a plus de caméras que de manifestants, c'est la télé qui crée l'évènement»

C'était un dimanche, j’étais à New-York en train de négocier pour Itélé l’interview de l’homme qui a tué Ben Laden. J’allume le poste et là je vois toutes les grosses vedettes de la télé américaine en direct de Ferguson disant :
- « Ca va péter, ça va péter… »

Je me dis : « C’est quoi ce délire ? Que font ces supers stars à Ferguson attendant que ça pète, alors que rien ne s’est encore produit? »

[Découverte] Trois murs pour la salle de torture


http://www1.stnt.org/interviews/Photos_Interviews/Daitro/daitro1.jpg

Dans une précédente publication concernant le cri dans la musique et Envy, je citais Daïtro qui fait office de bon équivalent français. Aujourd'hui, un morceau parlé, pour le plaisir des auditeurs aux oreilles sensibles qui ne parviennent toujours pas à accorder aux cris leurs chances. Ce morceau, Trois murs pour la salle de torture, est en réalité un poème de Mou'in Bsissou (1927–1984). Ce poète palestinien ayant passé une partie importante de sa vie en prison, notamment dans les années cinquante, puis en exil, il évoque la journée d'un prisonnier confronté aux tortures et à l'enfermement mais qui malgré tout exprime une volonté de résistance qui s'appuie sur l'écrit, inspirée par « chaque pierre » de son « humble maison. » 
Le groupe français Daïtro propose sur l'album "Laissez vivre les squelettes" sa version musicale du poème qui a également fait l'objet d'une transposition à la musique de chambre, 3 Murs, par l'ensemble Nahandove.



[Découverte] : Sati Mata "Une symphonie en gris", le clip/court-métrage

Le groupe électro ébroïcien Sati Mata a publié sur Youtube le clip officiel du titre "Une symphonie en gris" figurant sur leur [Ep] "In camera" et qui fait suite au précédent court-métrage "Rencontre", une partie de l'équipe de réalisation s'étant retrouvée afin de poursuivre ces expérimentations.

 Le clip "Une symphonie en gris" avait été projeté en avant-première le 14 Novembre au cinéma Les Arcades de Val-de-Reuil. Le groupe qui ne fait rien comme tout le monde a l'habitude de tester de nouvelles choses, en utilisant par exemple des jouets pour enfants dans leurs compositions, ou en figurant sur la bande-originale d'un roman publié avec son cd ! Rien de surprenant donc à les voir expérimenter la vidéo, ils n'ont sans doute pas fini de diversifier la nature de leurs créations. Un coucou à eux du coup, ainsi qu'à Evreux où par ailleurs l'Abordage s'apprête à fermer en Février, une Smac sortant enfin de terre.

[Documentaire] : Pierre Carles, l'emmerdeur


Une mouche dans le lait, un rouage qui grippe, un emmerdeur. C'est un peu John McClane, Pierre Carles. Lui aussi cultive l'insolence, le cynisme et une forme de moquerie permanente à l'égard d'une certaine tendance de la classe médiatique française. Premier assaut en 1992 avec son reportage consacré à TF1, PPDA et sa fausse interview de Fidel Castro. La direction d'Antenne 2 annule la diffusion de ce reportage une première fois, mais une semaine plus tard, le fameux sujet passe finalement dans l'émission de Thierry Ardisson Double Jeu.

La démarche rappelle celle du Petit Journal de Canal + qui s'amuse à faire tomber le rideau régulièrement. Pierre Carles dénonce alors une supercherie incroyable, tout en employant un ton décalé, mélange de cynisme dénonciateur et d'étonnement calme. Son reportage expose simplement un champ-contre-champ de PPDA dialoguant avec Fidel Castro, totalement mensonger puisqu'à ce moment précis, le dirigeant répondait à une journaliste argentine durant une conférence de presse. Pierre Carles réutilise les images originales et prouve donc la manipulation de TF1.

Il poursuit sa carrière fidèle à lui-même, déboulonnant la télévision et s'intéressant au traitement médiatique privilégié dont bénéficient nos politiques. Aujourd'hui les réseaux sociaux et la circulation effrénée d'informations ont définitivement fait sauter le quatrième mur du théâtre politique, si bien que ces personnalités se doivent de jouer avec les médias, de maîtriser la représentation, pour parfois même regagner en popularité quitte à révéler de l'intime, à ne pas avoir peur du ridicule. En 1995, la situation était bien différente, internet ne concurrençait pas autant la télévision et l'agitateur Pierre Carles se lâchait complètement, enregistrait ses collaborateurs du petit écran pour mieux exposer leur mauvaise foi. Pas vu à la télé interroge de nombreux journalistes phares sur la question des rapports entre les journalistes et les politiques. Mais dans la méthode, le documentariste se fait plaisir, envoyant des amis poser des questions sans annoncer la couleur au préalable. Quelques questions simples sur les médias et la politique puis, calmement, "nous avons amené des images qu'on voudrait que vous commentiez". Bien entendu, les images concernent une discussion dérangeante entre François Léotard et Etienne Mougeotte. La méthode façon Bart Winfield Sibrel ne plaît pas, le reportage devient un film : Pas vu, pas pris.


Une énorme mise en abîme du travail de Pierre Carles, qui enregistre alors ses collègues ou commanditaires (Philippe Dana, Karl Zero...) lui expliquant ce qu'il faudrait changer à son sujet très politiquement incorrect. Pas vu, pas pris sort au cinéma et fait 160.000 entrées. La même année il réalise Juppé, forcément dans lequel il interroge les journalistes sur le traitement qu'ils font de la campagne municipale de Bordeaux et par extension, sous-entend que les médias eux-mêmes fabriquent des champions tout en minimisant l'importance du pluralisme politique. C'est ce film qu'il est intéressant de voir ces jours-ci, puisque Juppé revient de loin et plus fort, utilisant les médias de nouveau, ce qui permet de constater l'évolution des médias de 1995 à aujourd'hui.



Ayant lui aussi un pied dans le monde de la télévision malgré tout, il entretient de nombreuses relations professionnelles avec certains journalistes phares ou autres critiques des médias. Il opérera un temps un va-et-vient entre Daniel Schneidermann et Pierre Bourdieu aux visions opposées sur ce que doit être la télévision. Dans Enfin pris ? Pierre Carles tenta de résumer cette opposition, tout en prenant clairement la défense de Bourdieu et en souhaitant filmer Schneidermann chez un psychanalyste dans le but de lui faire remarquer sa schizophrénie naissante. Finalement, c'est Pierre Carles qui s'allonge sur le divan, attentif aux remarques espiègles d'un praticien...étrange. Peut-être s'amuse-t-il, après avoir parlé de l'éthique de la psychanalyse, de laisser Carles filmer ce qui devient son propre rendez-vous. Pierre Carles réalise tout de même La sociologie est un sport de combat dans lequel il suit Pierre Bourdieu en France et à l'étranger.

Plus récemment il a également réalisé DSK, Hollande etc interrogeant à l'aide de complices les journalistes sur leur couverture de l'élection présidentielle de 2012. Une compilation de rencontres relativement tendues, notamment avec Nicolas Demorand titillé sur les sondages concernant Marine Le Pen par quelqu'un avouant ne pas lire le journal qu'il dirige, tandis qu'il prend sa pause café en fumant une cigarette. Un moment sans doute culte pour tous ceux qui ont vu ce film.



Après toutes ces années à chahuter les personnalités médiatiques et politiques, Pierre Carles est devenu un personnage public lui aussi, et cette introspection qui était déjà palpable à ses débuts, qui s'est amplifiée dans Enfin pris ? devient l'objet même d'un nouveau film : Fin de concession. Il devient Carlos Pedro pour tenter de poursuivre ses activités en toute liberté. En clair, pour taper sur TF1 en interrogeant les journalistes sur les pratiques douteuses de la direction au moment de la concession de la chaîne à hauteur de 50% au groupe Bouygues en 1987. Seulement désormais l'élément de surprise n'existe plus, et nous assistons à Pierre Carles tentant de refaire son coup de maître de Pas vu pas pris sans jamais y parvenir. Les éléments sont les mêmes, des extraits de ses anciens films sont utilisés et même la revue de ses rushes par des amis cinéastes font basculer ce documentaire dans l'autobiographie. A la lumière des précédents films, cela reste particulièrement intéressant, et le personnage gagne à être connu. Il laisse son empreinte dans l'histoire de la critique des médias, avec ce coup d'éclat en 1992 et ce Pas vu pas pris qui a causé tant de remous dans la sphère télévisuelle.


Ce changement de situation peut se lier à l'évolution des médias également. Pierre Carles était l'ennemi intime de la télévision, mais encore une fois, à l'heure d'internet, qui est sans doute la source de notoriété principale d'un journaliste indépendant, que peut-on dire des changements survenus sur nos écrans ? C'est la question qu'il pose dans Fin de concession afin de justifier ses demandes d'interview. Découvrez-donc Juppé, forcément afin de vous faire une idée sur la question, et au passage prendre un coup de vieux intéressant. 

[Soutien] : Philippe Layat

(Photo Jeff Pachoud / AFP)
Parce que je n'ai jamais réussi à comprendre la cruauté et que de plus mes études actuelles me sensibilisent fortement aux combats sociaux, généralement menés contre le(s) pouvoir(s), j'aimerais partager ici cette pétition de soutien à Philippe Layat qui atteint bientôt son objectif de 150.000 signatures. La vidéo ci-dessous vous éclairera sur la nature de ce qui peut indigner dans cette histoire, et de ce que nous ne devrions jamais laisser se passer sans réagir. 



[Info/The Square] : Sanaa Seif, monteuse de The Square, condamnée à trois ans de prison.

En Novembre 2013, Adli Mansour , ancien Président de l'Egypte (4 Juillet 2013 - 8 Juin 2014), fait adopter par décret une loi concernant le droit de manifestation. Selon cette nouvelle loi, le gouvernement est désormais libre d'autoriser ou au contraire de bannir toute manifestation pouvant porter préjudice à l'intérêt de la nation. Comme le montre le film The Square, l'Egypte n'est pas une terre historiquement liée à la démocratie pluraliste et à la liberté du peuple. A l'issue des protestations de la place Tahrir, une partie du peuple Egyptien découvre la possibilité de se réunir dans la rue et de manifester à l'encontre d'une politique violemment menaçante. Très vite, de nombreux activistes qui s'opposent au gouvernement et déplorent le sabotage du processus démocratique en Egypte sont arrêtés et retenus en détention dans l'attente de leurs procès. De nombreuses associations de défense des Droits de l'Homme dénoncent des conditions d'emprisonnement particulièrement inquiétantes, et qualifient cette loi de "draconienne", anti-démocratique.

Le 21 Juin 2014, des milliers de personnes se rassemblent près du Caire afin de manifester leur soutien aux activistes en détention, et afin de s'opposer à la fameuse loi. Parmi elles, Yara Sallam, féministe et démocrate est accompagnée de son cousin. Ils achètent de l'eau dans un kiosque lorsque la police les arrête en marge d'incidents poussant les autorités à faire usage de gazs lacrymogènes ainsi qu'à procéder à une trentaine d'arrestations. Le jeune homme est relâché le soir même. Yara Sallam quant à elle membre de l'Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) et liée au April 6 Youth Movement, restera en détention provisoire jusqu'à son procès.



Le 10 Juillet 2014, Sanaa Seif, monteuse du documentaire nominé aux Oscars The Square, est également arrêtée et placée en détention provisoire. En Juin, son frère Alaa Abdel Fatah était pour sa part condamné par contumace à quinze années d'emprisonnement, sur la base de cette "violation du droit de manifestation".  Ahmed Seif leur père avocat et activiste de la défense des Droits de l'Homme, ancien prisonnier d'état ayant déjà subi les tortures de la police spécial est alors dans le coma et ils sont dans l'incapacité de le voir. Il meurt le 27 Août 2014. Dès le lendemain, Sanaa et son frère décident de commencer une grève de la faim. Quelques jours plus tard, leur mère Laila Soueif et sa fille Mona Seif se joignent à ce mouvement, en soutien aux activistes en détention.


Le 27 Octobre 2014, après plus de cent jours de détention provisoire et après soixante-et-un jours de grève de la faim, Sanaa Seif comparaît aux côtés d'une vingtaine d'autres accusés. La justice égyptienne la condamne, tout comme Yara Sallam, à trois années d'emprisonnement. Sur les réseaux sociaux, de nombreux égyptiens et sympathisants manifestent leur émotion et leur soutien, à commencer par les membres de l'équipe de The Square. Désormais, Laila Soueif et sa fille Mona poursuivent leur grève de la faim et choisissent de la durcir, s'imposant une restriction d'eau. (31/10 : Mona et Laila ont quitté la Cour Suprême devant laquelle elles faisaient sit-in. Elle consommeront de l'eau à nouveau, mais poursuivent leur grève de la faim) 

Sanaa Seif connaîtra le verdict relatif à l'appel de la première décision rendue le 28 Décembre 2014.
(30/12 : Sanaa Seif est condamnée en appel à deux ans de prison puis à deux ans sous surveillance.)

Pour en savoir plus sur la situation politique Egyptienne et par la même occasion, voir l'un des documentaires les plus importants du moment, plongez-vous dans The Square, disponible en version intégrale sur Dailymotion ; vous pouvez le visionner ci-dessous. (Attention : certaines images peuvent choquer / Arabe et Anglais sous-titré en Anglais).

EDIT : Sanaa a été libérée entre temps, puis de nouveau emprisonnée.


[LIVE] : Transfovista, le DVD live d'Envy

Envy, c'est une perle de la musique contemporaine. Un miracle de mutation. Partis d'un son très orienté punk-rock au début des années 90, ils sont devenus l'un des groupes de screamo les plus importants des années 2000. A force de perfectionnement, la pure colère a laissé place à l'introspection et la plénitude, pour un post-rock des plus fins. A tel point qu'aujourd'hui, le hurleur impressionnant que fut Tetsuya Fukagawa est désormais le chanteur du groupe Mono le temps de quatre concerts, et sans doute pour une partie de leur double-album qui sortira bientôt "The Last Dawn" & "Rays Of Darkness". Il y a quelques années, il apparut également sur le morceau "I Chose Horses" du fameux groupe écossais Mogwai. 


La discographie d'Envy est donc riche en atmosphères avec ses premières livraisons extrêmement brutales et ses derniers bijoux aériens saupoudrés de spoken words. La seule constante : une émotion puissamment cathartique, une maîtrise insolente des contrastes entre les calmes et les tempêtes. Au coeur de cette discographie, deux albums me paraissent être les meilleurs condensés d'Envy. All The Footprints You've Ever Left And The Fear Expecting Ahead, et A Dead Sinking Story. Je ne peux que vous inciter à les écouter (en cliquant sur les liens!). Transfovista permet de constater le chemin parcouru durant quinze ans, à l'appui d'images parfois issues de lives télévisés, ou parfois filmées au camescope lors de leurs premiers passages en France ou en Allemagne. L'engagement émotionnel des musiciens est également palpable, notamment lorsque l'un des guitaristes ne peut se retenir de faire tomber l'ampli sur lequel il joue en l'écrasant avec sa guitare à la fin de son set. Sur l'image suivante, le musicien qui le lui a prêté demande quelques explications. D'autres séquences soulignent la réceptivité du public. On voit par exemple cette jeune femme, veste sur l'épaule, en sueur et en soutient-gorge, totalement absorbée par la musique. Fukagawa hurle, s'égosille, danse autour de son micro, il titube en face d'une spectatrice passionnée (et passablement éméchée) qui en renverse sa bière au coup par coup, digne d'une parodie.

Envy - Transfovista (Sonzai Records)


  
Pourquoi le hurlement ?

Envy est un groupe originaire de Tokyo, et leur chanteur s'exprime donc en japonais. Ce groupe s'exportant de mieux en mieux, il n'oublie pas de fournir les traductions anglaises de leurs textes au sein des livrets de leurs albums. L'écriture de Tetsuya Fukagawa est semblable à celle de haïkus, les phrases d'apparence déconnectées se succédant pour décrire au mieux l'indicible. Le sentiment, l'instant, la nostalgie, la folie ou le calme ; à coup sur la vitalité. Mais à mon sens la langue japonaise et le fait même de ne pas "vouloir" comprendre permettent de renforcer cet aspect cathartique, car il est aisé de projeter sur les articulations du hurleur nos propres interprétations, nos propres pensées. (J'en ai même fait une farce). 

Et c'est une chose que j'aime souligner à propos de la violence. Pour beaucoup de gens qui m'en ont fait part, le metal et ses dérivés sont insupportables à cause d'une violence trop désagréable et de plus "On ne comprend rien à ce qu'il dit, il n'arrête pas de gueuler !". Mais il est bien dommage de ne se fier qu'à ses oreilles. Tout comme en peinture ou en théâtre vous iriez peut-être tolérer une composition hideuse au service d'un propos, ou une pièce de théâtre contemporain exprimant toute la folie de l'Homme, il est nécessaire de se poser la question des choix scéniques comme vocaux qui amènent certains interprètes à hurler. Envy tombe bien. Ce que dit Fukagawa, pour mieux comprendre cette problématique, disons qu'on s'en fiche. Plaquez sur ses hurlements vos sentiments du jour. Si la journée a été bonne, que tout va bien, et que c'est réjouissant, imaginez qu'il partage avec vous ce sentiment et le crie à la face du monde. Imaginez qu'il est amoureux. Personne ne doit s'entendre plus que lui. A l'inverse, si vous êtes au fond du trou, dépité, seul au monde, sa voix sera celle d'un homme face à la mer, jouant à faire plus de bruit que la fatalité elle-même. Imaginez qu'il appelle un disparu.

Dans certaines situations, on comprendra le refus d'en entendre plus. Si vous n'êtes pas tombé sur des artistes assez complexes, que vos amis vous ont amené au concert du coin durant lequel la sono était de piètre qualité, que tout le monde était plus à son aise que vous, ou simplement que vous étiez à un mauvais concert, ne vous faites pas une idée définitive de ces groupes dans lesquels ça hurle. Ils ne sont pas tous du même acabit, et la différence entre ce qu'offre un concert et ce qu'offre un album sorti d'un studio peut être gigantesque. Ne dites pas "Je n'aime pas quand ça gueule" simplement parce que ça gueule. Parfois, les interprètes de ces groupes disent des choses, dressent des constats, partagent des sentiments qui ne s'expriment pas dans la retenue. Et à de très rares occasions, les hurlements se trouvent pris dans un ensemble cohérent qui n'est pas adressé aux seuls amateurs d'un genre musical en particulier. A trois reprises j'ai eu le privilège de voir ce groupe se produire sur scène. A chaque fois sans nul doute, j'en ai difficilement retenu mes larmes, absorbé par la puissance et la beauté de cette musique. Ce n'est pas sa violence intrinsèque qui me touche, mais l'humanité profonde qui se dégage de ces arrangements, cet écho universel. La musique se vend, se consomme, mais elle s'étudie aussi. La musique fait partie des arts.

Voici donc ma suggestion du jour afin de vous inciter à laisser une chance aux cris. Ceux de Tetsuya Fukagawa, magnifiquement accompagnés par un groupe d'une finesse unique, vous donneront un accès direct à vos tripes. Une personne qui n'aime pas du tout la musique metal/hardcore/post-hardcore à cause de cet à priori sur les cris m'a dit à l'écoute des deux albums phares cités plus haut : "La vache...C'est prenant, c'est même touchant, on dirait vraiment qu'il souffre ce mec, j'ai mal pour lui". A cet instant, j'étais heureux d'avoir glissé la galette dans l'auto-radio, et nous avons tout écouté en silence, poussés à l'introspection et ce malgré la barrière de la langue.


L'exemple en français : Daitro

"Nous sommes d'ici" de Daitro, groupe français de post-hardcore/screamo ainsi que les paroles afin de mieux comprendre en quoi les cris sont justifiés (excellent groupe à découvrir également)


S'empiffrer de carcasses encrassées dans nos palabres la messe est dite 
Car nous sommes de ceux qui décident et de ceux qui dictent.
Nous sommes d'ici et tous réunis dans la grande messe de l'horreur moderne, 
Venus pour tout avaler et pour ne rien laisser.
Quitte à tout prendre, autant s'en empiffrer les premiers.
Blessés, touchés, poussés par l'ampleur 
De ceux qui décident et de ceux qui dictent, il y a de quoi admirer.
Nous sommes si fiers de nous, nous sommes des leur(re)s.


Les voici jouant ce morceau...au Japon !

+ Envy : A Breath Clad in Happiness de l'album Recitation 

(Les paroles en anglais sont dans la description de la vidéo)

[Humour] : Vinza démonte Cahuzac, ou l'illustration parfaite de l'importance du montage !

Il y a déjà plusieurs mois, j'avais présenté aux lecteurs de La Fée Verte - Gazette des étudiants de l'UFR des Arts d'Amiens le travail impressionnant et excessivement drôle de Vincent Ansieau dit VinzA. Pour découvrir cet ancien article, cliquez sur le lien ci-dessus. Et pour le reste, savourez cette petite perle de montage, qui démontre de façon nette l'importance de cette discipline.



[Interpréter dans un contexte] : Le clip de campagne de François Hollande

Aujourd'hui, petite "redécouverte" du clip officiel de François Hollande durant sa campagne pour la présidentielle de 2012. Je vous propose de visionner ce clip avec une nouvelle attention, proche de celle dont doit témoigner celui qui analyserait un film, qui devrait tirer de ce clip les intentions, les axes narratifs, les choix opérés, en bref, le sens.  Bien sur, l'actualité fournit un contexte propice à ce flashback. La campagne politique ayant pour principe de tracer de grandes lignes pour l'avenir, et le clip de campagne étant l'outil de communication le plus emblématique, revoyons-le.


Après sa défaite aux primaires du Parti Socialiste, obtenant 5,63% des suffrages et terminant avant-dernier juste devant Jean-Michel Baylet, Manuel Valls devient directeur de la communication de la campagne de François Hollande. On peut donc en déduire que ce clip de campagne a obtenu la validation commune de François Hollande et de son actuel Premier Ministre, qui secoue la classe politique en parlant d'en finir avec une gauche passéiste. Revoir ce clip de campagne dans ce contexte est particulièrement intéressant. Vous allez comprendre pourquoi.




Découpez ce clip en parties, et attribuez-leur des titres, puis des caractéristiques.
Listez les choix de montage, de musique, l'utilisation du son, si les images sont en couleurs ou non, si le rythme est constant ou non ; décrivez la première séquence, et décrivez la dernière. Ici, en gros, vous devriez théoriquement identifier deux grandes parties, et donc constater que ce clip est construit sur l'idée de deux parties bien distinctes.


A vous de voir
 en ce qui concerne l'interprétation du changement...




[Documentaire] : 911 Press For Truth

A la suite du 11 Septembre 2001, il y a eu des guerres, un choc, un nouveau regard sur le monde ainsi qu'une nouvelle ère médiatique plus violente. Un jeune siècle sans limites morales. Les témoignages divergents, les images amateur filmées depuis des téléphones, les camescopes témoins...la façon dont les événements sont documentés, et surtout l'exploitation faite de ces images amateur changea elle aussi à jamais. Un moment incroyable, beaucoup de gens l'avaient compris. Pour le cinéma, particulièrement de documentaire, cet événement vécu au moment d'une démocratisation rapide d'internet fabriqua aussi nombre de nouveaux cinéastes avec à leur tête le très décrié Dylan Avery, auteur du célèbre Loose Change. Probablement le documentaire amateur le plus vu au monde, réalisé par deux amis sur un modeste ordinateur portable. A l'origine de leur projet, ils voulaient réaliser une fiction partant du 11 Septembre 2001. Dans leurs recherches, ils furent troublés par leurs découvertes, et convertirent le projet de fiction en projet de documentaire.

Donnant le ton pour une nouvelle contestation des élites, se permettant de suggérer l'impensable, un "inside job",  il occulta sérieusement les documentaires bien plus raisonnables, même sortis plus tard, tels que ce 911 : Press for truth, qui abordaient des points plus terre à terre et factuels. Matthieu Kassovitz pourrait en témoigner, après Loose Change et le bouquin plus qu'osé de Thierry Meyssan L'Effroyable imposture, plus personne ne peut poser de question raisonnable sans finir au banc des paranoïaques conspirationnistes.

Avec 911 : Press for Truth, la théorie du complot s'efface pourtant, pour laisser place à la question d'un échec gouvernemental en matière de sécurité et de surveillance des menaces. Un échec occulté, bien entendu. Il retrace également l'histoire de familles de victimes. Quatre veuves du 11 Septembre, les Jersey Girls, se sont trouvées et ont décidé d'assister aux auditions de la commission officielle sur les attentats, d'obtenir des réponses aux centaines de questions soulevées par leurs propres recherches.

Les Jersey Girls
Très documentées et épaulées, elles ont pu par exemple obtenir la démission de George Mitchell, vice-président de cette commission dont les activités professionnelles posaient un cas notoire de conflit d'intérêt. A la sortie du rapport final, elles furent totalement dépitées. Des mois de lutte et de questions anéantis par une publication officielle aux réponses partielles, aux zones d'ombres toujours plus opaques, qui justifia la naissance de nombreux collectifs citoyens réclamant une nouvelle enquête indépendante. 

Inutile de pousser plus loin la présentation de ce film puisqu'il est lié à des événements dont nous connaissons tous les caractéristiques. J'ajoute simplement qu'il permet de voir un moment en or massif, l'audition de Condoleeza Rice venue apporter son lot de contradictions. Nous sommes aujourd'hui le 11 Septembre 2014, l'occasion de jeter un nouveau regard sur cette histoire depuis un point de vue relativement inédit. 

Ben Veniste : Que concernait le mémo du 6 Août ?
Condoleeza Rice : (...) il ne concernait aucun attentat prochain sur le sol américain.
Ben Veniste : Quel était le titre du memo ?
Condoleeza Rice : Je crois que  c'était "Ben Laden déterminé à attaquer les USA"




+ ReOpen911 : le site français des partisans d'une nouvelle enquête indépendante
(avec des films et théories plus ou moins raisonnables)

+ 3000 heures / 7 jours d'archives du 11 Septembre 
provenant de 20 chaînes d'information américaines

[Musique] : COMA IV

J'ai le plaisir d'être batteur au sein du groupe amiénois COMA IV. Il propose un son thrash death très énergique particulièrement taillé pour le live. Actuellement nous nous préparons à un changement relativement inédit puisque je vais bientôt laisser ma place à un nouveau batteur afin de retrouver une vraie mobilité en tant que guitariste. J'ai la fâcheuse tendance à vouloir sauter partout (preuve en image), ce qui n'est pas très pratique.

Notre prochain concert aura lieu au Grand Wazoo dans le courant du mois de Septembre avec les groupes Litige et Dark Wish.
Coup de pub à mes camarades de COMA IV donc avec cette vidéo de "Pandemonium" lors de notre concert au Sombrero Café d'Amiens le 23 Août 2014 en compagnie de The Freedom of Speech et Sadraen. Pour plus d'infos quant aux prochains concerts et aux actualités du groupe, ou bien pour admirer les impressionnantes photos de mon corps de moustique-batteur couvert de sueur, retrouvez nous sur les réseaux habituels, Facebook, Youtube etc...



+ "Cracked Brain" Live

https://www.facebook.com/COMAIV?fref=ts

[Découverte] : "Le long de ses jambes nues" de Jonathan Lamour (2013)

Dans un monde futuriste, Olivier un séducteur né, est tiraillé entre son amour pour Catherine et ses pulsions. Il confie sa détresse à une jeune femme lors d'un étrange entretien filmé.


"Le long de ses jambes nues" est le deuxième film réalisé par Jonathan Lamour, étudiant de l'UFR des Arts d'Amiens. Avec ce film, Jonathan a trouvé son style, son rythme, sa pâte...et de merveilleux acteurs. Ce qui importe, les jeux de regards, les rapports humains entre personnages humains. Sorti en 2013, il précède "La Parenthèse" (2014), actuellement présenté en festivals et autres projections-événements.
 

 



F.Boss et J.Lamour présentent "Le long de ses jambes nues"
au Festival
Crossing Europe de Linz  (Mai 2014)
Tournage de La Parenthèse (2014)

[Découverte] : "Leuwarou" de Leu-Wenn Delabie (2014)

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai pu participer au tournage du premier court-métrage de Leu-Wenn Delabie, Leuwarou en tant que preneur de son. Dans ce film un jeune informaticien au caractère plutôt réservé quitte Paris pour venir à la rencontre de son oncle exploitant agricole le temps d'une semaine dépaysante. Au cours d'une promenade, il découvre le cadavre d'une vache éventrée...

Une version définitive du montage a pu être montrée aux membres de l'équipe de tournage, révélant un film à l'atmosphère fantastique particulièrement réussie. Retrouvez bientôt plus de précisions quant à sa sortie.


https://www.facebook.com/leuwarou?fref=ts
  
Le titre, Leuwarou, est la traduction Picarde du terme "loup garou" qui est d'ailleurs plus proche de l'anglais "Werewolf" ou de l'allemand "Werwolf" que du français.



Leu-Wenn et ses acteurs Pierre-Antoine Deborde et Jean-Claude Tisserand
L'équipe de tournage, camarades de l'UFR des Arts d'Amiens

POUR EN SAVOIR +

[Découverte] : "Coffee Girl" de Bintang Adi Pradana

Coffee Girl est un court film d'animation réalisé par Bintang Adi Pradana, étudiant à l'UFR des Arts d'Amiens. Il fut diffusé dans le cadre du festival étudiant "Gobe Ta Péloche #2" organisé par Kino Paint Art et  reçut un accueil très chaleureux de la part du public. 
 


Chaîne Youtube de Bintang Adi Pradana !
+ d'infos sur le "Gobe Ta Péloche" et d'autres films d'étudiants sur Kino Paint Art !

[Photo] : Out of the blue


http://acolyteprod.deviantart.com/art/Out-Of-The-Blue-475802632

[Documentaire] : 3 shots that changed America de Nicole Rittenmeyer et Seth Skundrick

En 2008, la chaîne américaine The History Channel avait produit un documentaire réalisé par Nicole Rittenmeyer et Seth Skundrick, qui faisait revivre au spectateur la journée du 11 Septembre 2001 minute par minute, en usant d'images tournées par des amateurs ou en compilant les extraits de directs télévisés.

A l'aide d'un découpage judicieux d'un mixage sonore cohérent et surtout d'une solide base d'archive footage, les éditeurs de ce documentaire étaient parvenus à recréer un temps réel virtuel, exploré grâce à de multiples points de vue. "102 minutes that changed America" (traduit qui ont changé [le monde]) remporta quatre Emmy Awards en 2009 et fut largement distribué hors des Etats-Unis. France 3 le diffusa même la semaine précédant cette pluie de récompenses.

Un an plus tard, le duo collabore de nouveau pour The History Channel en propulsant le spectateur dans une véritable machine à voyager dans le temps faite de caméras et de micros. De ce 22 Novembre 1963, on retenait jusqu'ici le film d'Abraham Zapruder, régulièrement qualifié de film amateur le plus célèbre de tous les temps ou bien les annonces émouvantes de Walter Cronkite , la première interruption des programmes, quelques moments bien connus. Plus de cinquante ans après "3 shots that changed America" va bien plus loin...dans le passé !

Comme pour le 9/11, Rittenmeyer et Skundrick créent l'immersion, ils dépassent le off et offrent au spectateur le pouvoir de ressentir la tension ambiante depuis de multiples points de vue. Dans leur découpage ils laissent s'exprimer les doutes de tous les intervenants, qui transparaissent dans des mouvements de caméra approximatifs, des bruits de frottements de micros involontaires tandis que la mise au point est faite difficilement. Du petit matin à la tombée de la nuit, de la chaîne locale au témoin de CBS, ou depuis l'intérieur même du Texas Theater ou s'est réfugié Lee Harvey Oswald, les images inédites remarquablement restaurées ne cessent de suprendre.


Par moment, les multiples angles sur la même conférence de presse ou le même micro-événement comme l'assassinat d'Oswald donnent l'impression d'un film totalement mis en scène, car ils soulignent tout ; jusqu'à la configuration des lieux, la façon dont la police monte la garde, emmène Oswald récalcitrant vers sa propre mort, montre le fusil à des reporters qui ont beaucoup de mal à suivre... Certains plans issus de ces found footage sont exploités à merveille dans ce découpage.

Ces trois heures de film sont découpées en deux parties d'une heure trente. La première documente le temps réel depuis le matin du 22 Novembre jusqu'à la mort de Oswald. La seconde partie quant à elle présente ce que les médias ont restitué des mouvements conspirationnistes et de la bataille de Jim Garrison contre la Commission Warren qui enquêta sur l'assassinat en établissant la théorie de la Magic Bullet. Elle fut sévèrement critiquée, et d'autres commissions furent établies jusqu'en 1976. L'assassinat de Robert Kennedy est également évoqué, montré. Des extraits de shows télévisés et de micro-trottoirs sont ponctués de coupures au noir régulières qui tiennent en haleine.

Seule la musique est ajoutée à ce long découpage. Très minimaliste, elle permet de souligner les images les plus emblématiques de ce drame historique. Dans toute la première partie, les voix sont celles de réels et parfaits commentateurs au coeur d'un événement. Aucune opinion, aucun supposition dans les retranscriptions de ces journalistes qui semblent ne s'adresser qu'à des non-voyants. Puis vient le temps des questions, tout bascule. La seconde partie elle aussi utilise les voix tirées des archives uniquement, et le journalisme n'est plus le même face à un événement vieux de vingt, trente ou quarante ans.

La caméra tourne personne ne le sait.
(Travelling arrière au commissariat)
Petit à petit la fourchette temporelle s'étire et bien vite les extraits sont en couleur, les conspirationnistes et leurs thèses ont évolué. Des touristes dans un bus écoutent un guide leur expliquer l'histoire de 22 Novembre en faisant le tour de Dealey Plaza, avant sans doute de visiter le Sixth Floor Museum du Texas Book Depository... Zapruder témoigne des années plus tard et se repositionne sur son petit piédestal avec sa caméra à la main.

Par ailleurs cet assassinat n'a pas fini d'inspirer de nouveaux films ou de nouveaux livres dans les prochaines années. Depuis JFK de Oliver Stone qui avait emmené son film au Congrès, le 1992 JFK Records Act* garantit la déclassification de tous les documents liés à l'assassinat de Kennedy avant Octobre 2017. En 2013, 5 millions de pages ont été officiellement publiées mais la CIA est suspectée de faire de la rétention d'informations sur plus de 1.000 documents encore top secret. Ils seront donc normalement accessibles au public d'ici trois ans.

Un film extrêmement intéressant à plus d'un titre et la seule sensation de vivre ces événements en temps réel ne peut laisser indifférent. Quant au contrat que suppose un film qui explique ou qui présente l'Histoire, The History Channel et ses réalisateurs talentueux le remplissent allègrement, la faisant littéralement parler.

Ci-dessous le film complet en version originale
+ de docus sur cette playlist Youtube



* JFK Records Act : An Act to provide for the expeditious disclosure of records relevant to the assassination of President John F. Kennedy.

Etrange : Video-bombing dans les années 60.
> Des mains s'agitent au second plan / Un homme saute au premier plan ! Une perle !







 

[Flashback] : Gobe ta péloche, le festival étudiant de l'UFR des Arts d'Amiens !


Le Vendredi 23 Mai dernier, le festival du court-métrage des étudiants de l’UFR des Arts d’Amiens proposé par KinoPaintArt, le Gobe Ta Péloche #2 ainsi qu’une exposition d’une semaine Paye Ta Gouache ont permis à tous les visiteurs du jour de venir découvrir les productions personnelles d’étudiants talentueux. A l’issue de cette belle journée, trois prix ont été remis.  Au début de la prochaine année universitaire, la gazette étudiante "La Fée Verte" initiée par KPA reviendra  sur cet événement dans sa globalité ainsi qu’en offrant une place de choix à chacun des vainqueurs.

 
GOBE TA PELOCHE #2
Jury : Marie Vernalde, réalisatrice et actrice 
Claire Kanny, scénariste et ancienne étudiante de l’UFR des Arts d'Amiens


PRIX DU JURY
"Dernier Refuge" de Emeline Trepagne et Alexandre Hermant


PRIX DU PUBLIC
"Not Found Yet" de Marie-Lys Polchlopek



PAYE TA GOUACHE #1
Exposition et vote du 19 au 23 Mai

OEUVRE RECOMPENSEE PAR LES VISITEURS
"Trois grâces + 1" de Marie-Océane Gambu
 

KINO PAINT ART REMERCIE
Jeremy Michel (Tata Jacqueline), Lucie Houlbrèque, Etienne Meunier, Quentin Loiseleux et Clotilde Lebourg-Potentier nos maîtres de cérémonie, l’Association A.L.E.A ainsi que tous ses membres, tous les surveillants successifs de la salle 002, les étudiants qui ont donné un coup de main précieux, Christine Grimal, Arnaud et Alain qui ont consenti à rentrer chez eux plus tard, Caroline Zéau, et tous ceux qu’on oublie de citer mais qui ont contribué à cet événement.

L’EQUIPE ORGANISATRICE DU GTP#2
Marie-Charlotte Tardy-Lopez / Pauline Normand / Alexandre Monbailly 

RETROUVEZ LES PHOTOS DE l'EVENEMENT PAR MATHILDE LAURENCE
AINSI QUE CERTAINS DES FILMS PROJETES VIA LE BLOG > KINO PAINT ART !

RENDEZ-VOUS AU GTP#3 !

Des documentaires à découvrir via Youtube !

Une foule de documentaires à découvrir via cette Playlist !

▲ATTENTION : Un grand nombre de ces films traitent de sujets violents de façon frontale. En particulier To Shoot An Elephant, The Killing Of America et le Uncut Chronicles de Russia Today ▲


Cultes / Classiques
Nanook of the North (1922)
The plow that broke the plains (1937)
Chronique d'un été (1961)
Vive la France (1974)
The Killing Of America (1982)
Paris is burning (1990)
Pas vu pas pris (1998)
The thin blue line (1988)
America : Freedom to fascism (2006)
Into eternity (2010) (présenté ici même)



Société / Politique / Guerres / Histoire récente
Jesus Camp
Tous au Larzac
La bataille de Tchernobyl
Control Room (par la réalisatrice de The Square)
To shoot an elephant (Gaza durant Plomb Durci /violent!)
Votez pour eux, municipale à Hérépian
Sego et Sarko sont dans un bateau
Juppé, forcément 
Dans la peau de Vladimir Poutine
Inside Job
Itchkeri Kenti : les fils de l'Itchkérie 
Le jeu de la mort
The elephant in the room
 9/11 Press for truth
Guerre mensonge et vidéo
TPB AFK (The Pirate Bay AFK)
Wikileaks : Secrets et mensonges

War Photographer
En semi-liberté (Reportage)
Le procès de Nuremberg
JFK : 3 shots that changed America
Hollywood & The Pentagon : A dangerous liaison
Uncut Chronicles : Gaza-Israel War Deadly July 2014
(Russia Today)